Le pourquoi du comment ou la rencontre avec le Chinois

Amis chinois, surtout ne me traduisez pas le texte contenu dans cette image, car elle me fait rêver. Je vois cette enseigne tous les matins jours car elle se trouve dans ma rue, et je ne sais pas pourquoi, elle me fascine. Le mec semble me dire « Bienvenue en Chine » ou « Tu vas bien lutter aujourd’hui! » ou « Es-tu bien sûre de vouloir faire ce que tu vas faire? »… le magasin en dessous étant une énigme (je me suis pourtant rapprochée de la vitrine, je n’ai pas compris l’activité exercée à l’intérieur), j’ai fait du gars ma conscience.

« Carnets de Shanghai », explication.
En hommage aux Carnets de campagne de Philippe Bertrand, que je ne me lasse pas d’écouter. Car, non, je n’ai pas décidé de changer de radio malgré le décalage horaire (+7h pour rappel). Non, je ne vais ni tenter d’améliorer d’apprendre l’Anglais en écoutant une chaîne anglophone ou me familiariser avec le Chinois (suffisamment présent à l’extérieur). Maison = cocon = français. Oui, je considère mon appart un peu comme une ambassade. Alors oui, je conserve mes réflexes de toujours : je me réveille, et j’allume France Inter. Du coup, le décalage horaire amène sa touche d’étrangeté, mais je m’y suis plutôt bien adaptée. Finalement, vu mon rythme de working girl, je suis toujours en train de sortir de ma douche pendant le 7/9 de Patrick Cohen (oui, je sais, 7, 8 ou 9 + 7 = tranquille la vie). Du coup, pas de culpabilité « France Inter il est 8h ». Fraîche et prête pour ma journée je ne peux m’empêcher de penser « Nickel ».

Deux semaines en Chine. Après un atterrissage lent, très lent, un peu à la Lost in translation (pour lui donner une allure un peu plus sexy qu’un moment d’égarement de moi-même. Moi-même étant synonyme de  spectre-insomniaque-errant-affamé-et-sociophobe-qui-ne-supporte-pas-le-jour), l’humeur a changé. En même temps, ce n’était pas viable sur du long terme. Je suis descendue de ma tour, histoire de me nourrir de rencontrer les Chinois.

Premières impressions.
Il fallait s’en douter, le Chinois est chelou. Mais gentil. Mais chelou. Aussi, quand il te dit qu’il parle anglais, comprendre « je vais essayer pour te faire plaisir mais en fait je te mens ». Donc, il ne parle pas anglais, mais il est gentil. De mon côté, je ne suis pas une English fluent person, donc.. qui suis-je pour juger? Pour finalement rendre la « conversation » agréable et lui ôter toute frustration, c’est en principe selon ce protocole que ça se passe :
1. Pleine d’espoir je pose une question anglais (soif de savoir)
2. Il me répond en Chinois (je reviendrai sur cette attitude « je m’en fous de toi »)
3. Sans ciller je rebondis en français (histoire de voir sa réaction*)
4. Tout le monde sourit, content et satisfait de cette discussion de sourds
5. Et je me démerde avec ma question/réponse

*L’indifférence

Comme le Chinois est gentil, même quand il te dit non, il fait oui avec la tête. Souvent je dois avoir l’air consterné, mes yeux cherchant désespérément une once de cohérence dans l’ensemble des signaux qu’il m’envoie. Et puis j’abandonne (sourire, et la vie reprend son cours) en me disant que le Chinois est un peu Normand sur les bords – ce côté « p’t’ê’t Ben qu’oui, p’t’ê’t Ben qu’non- ou un peu parisien – « ouais… nan… mais ouais ».

Le ton étant donné(ou pas) on comprend vite que l’on fait ce que l’on veut finalement.

C’est un peu plus problématique quand tu as une VRAIE question ou besoin d’un VRAI renseignement. Revenons sur l’Anglais. Exemple d’une « discussion » (oui je mettrai en général des guillemets à ce mot sur ce blog) ubuesque (ce mot là risque d’être récurrent) avec la personne en charge du studio de Pilates dans lequel je voulais suivre des cours. Dès le début j’ai su que je pouvais enlever mon manteau, que ça allait être long et difficile. A la première phrase : La personne n’a pas compris le mot Pilates, prononcé Pail-la-tesse, puis Pi-la-teusse et j’en passe, il a fallu que je montre le mot écrit sur la porte de SON studio pour qu’elle s’écrie « ahhh Pilatii ! ». Dix minutes. En sueur. Après 45 minutes d’échanges fastidieux (je n’ai pas voulu lâcher l’affaire), nous sommes arrivées à convenir d’un rendez-vous pour un cours « Next Thursday, 2pm ». Le lendemain, texto de cette même personne « Ok for Sunday at noon ». Et merde, remballons le champagne. Et ce fut que le début  d’un looooong échange…

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Extrait choisi

 

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Autre extrait choisi

 

Rien que pour y relater anecdotes du genre et réflexions hautement philosophiques -et que j’ai quand même grave le temps – je déclare ouverts les Carnets de Shanghai ! Gling gling gling

(Long mais j’y tiens) PS : j’ai commencé ce blog sur un carnet où j’avais noté : « En attendant le blog, parce qu’il faut un VPN (=un truc à installer sur l’ordi pour avoir un accès normal à internet. Comprendre normal pour toi petit occidental vivant dans une démocratie : sites d’infos, réseaux sociaux, tout quoi) en « République » de Chine. Évidemment l’installation a merdé. Parce qu’impossible de me rappeler le mot de passe de mon ordi que j’ai créé il y a dix ans… Indice ?  « Piscine » Ah oui bah tout de suite c’est plus clair. En gros merci mon moi du passé. Donc si ce blog est en ligne ce ne sera pas parce que je me serai rappelé de ce p….n de mot de passe (vu en général les stratégies alambiquées mises en place pour élaborer mes mots-de-passe-parcequ’on-ne-sait-jamais) mais que j’aurais réussi à me faire comprendre d’un vendeur – donc à acheter un nouvel ordi, et que je pourrais tapoter ces lignes en sirotant du champagne (Chinois).  »
Ou que j’aurais piqué la tablette de mon mec.

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Auteur : Caroline Boudehen

Journalist, writer & reporter (Asia)

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