Précurseur du no-style style, d’une mise en relation entre couleurs, matières,
« Bonjour petit fashionista« , en Français sans faute (oui je le précise), sur une vitrine de Shanghai. En français, parce que les chinois, en terme de mode, mettent les français et encore plus les parisiens sur un piédestal. C’est là où je ne comprends pas (je ne suis pas allée loin, hein, comme souvent, je suis une théorie, je m’accroche un filet de fil et le chinois me le coupe en deux, net, rapidement, au moyen d’un geste, une attitude qu’il n’aurait pas du faire pour que tout reste cohérent dans ma tête). Alors.. adepte du luxe français, de la mode parisienne, le chinois. Roi de la copie par dessus le marché? Et bien, là, justement, il a dû se dire, non, on ne va pas copier, on va tout inverser s’Inspirer (oui, ça vaut la majuscule, car elle quasi divine leur Inspiration de la mode française).



Bref, oui, ça pique les yeux. Parachutée au pays du mauvais goût, me suis-je dit dans un premier temps. Au moins, le shopping, ce sera vite vu.
Comme partout, il y a des personnages excentriques (stylés, eux du coup). Mais je me suis intéressée au phénomène populaire, le fameux « monsieur tout le monde ». Le pop’chinois quoi. En même temps, je me dis que je pourrais être agent et repérer les modèles de demain, pour les campagnes de pub de The Kooples ou de Comptoir des Cotonniers par exemple.


*Les prénoms ont été modifiés – et leur choix n’implique pas forcément un ton moqueur, les chinois se désignant eux-mêmes un prénom à l’occidentale, et avec style, toujours.
Kitch, bling-bling, too much.. faire les boutiques est un calvaire ravissement pour les yeux.
« Peut-on convaincre autrui de la beauté d’un objet ? » Je vais ouvrir un café-philo consacré à l’Art et le Beau.
Ce qui me fascine, tout de même, c’est le nombre de boutiques (toutes, en fait), qui, l’air de rien -c’est à dire, de loin tu penses qu’il y a moyen- proposent ces fringues. J’entends, ce mélange improbable de matières, de formes, de dessins, de superpositions, de froufrous chelou (liste non exhaustive). Et tu te dis, bon ben.. non. Ce qui me fascine encore plus (oui je ressemble à une hallucinée dans les rues, un être « illuminé », comme on dit. Bref.), à part le fait que je me fasse avoir à chaque fois, c’est qu’il y ait des gens (tout le monde ici, donc), qui CHOISISSENT et ACHETENT, et surtout, font des combinaisons avec, et tous les matins, pas juste une fois dans l’année pour aller à une fête à thème… En soi, associer un haut et un bas est déjà un vrai taf et qui demande un certain niveau (voir les images ci-dessus). Mais à la tenue, il faut aussi ajouter les chaussures (pour ne citer que l’essentiel).



Combiner tout ça selon un feeling, que dis-je, une Intuition (de fashion victime qui s’ignore sans doute), ça donne quelque chose dans ce « goût » là :

Parfois, seules des sortes de couleurs émergent de formes qui se confondent sans charme aucun visible au premier abord OU BIEN suis-je trop réac pour comprendre, pour m’ouvrir à l’inconnu:

Donc, il y a les fashion models, les fashion victimes qui s’ignorent – Tous fans de la mode française, je tiens à le rappeler, si ce n’était pas évident – et aussi, les rebelles.
Ceux qui se servent des fringues pour afficher aux yeux de tous des messages de révolte. Ceux qui n’ont pas peur d’écrire en toutes lettres ce qu’ils pensent (de la société j’imagine).

Comme nous sommes en « République » ici, le rebelle avant-gardiste chinois crypte ses messages de mécontentement -en rendant mystérieusement hommage à Mona Lisa par exemple. On n’est jamais trop prudent. Du coup, pauvre petite conservatrice parisienne que je suis, une fois de plus je me sens mise à l’écart.
Pas d’article sur la « mode » sans parler coiffure. Ici, tous les djeunes chinois ont cette même coupe mi-bol, qui fait consciencieusement le tour des oreilles pour venir finalement cercler vers l’arrière du crâne (j’ai un don pour décrire l’esthétisme capillaire en général). Quelle facture dans le Geste de l’artiste du coiffeur. Quelque chose de Toni&Guiesque ?


Et puis… Il y a les frenchies qui pensent bien faire et veulent à tout prix s’intégrer :

Fashion models, fashion victimes, rebelles… et aussi hippies. Yeah! Alors ça, j’aime bien. Je trouve ça cool. On pourrait presque se mettre à virevolter en sifflotant dans des flûtes traversières dans le métro.

NB : en postant cette image, j’ai la chansonnette « Colchique dans les près » qui s’insinue doucement mais surement dans ma tête. Je voulais partager.
D’ailleurs, parlant d’intégration…

Vous l’aurez compris, la mode a plutôt à voir avec l’art du déguisement ici. Hé oui, le chinois est un grand enfant. Et qui s’en fout (de tout, d’ailleurs, j’y reviendrai). Ce qui lui permet de combiner toute l’incohérence qui lui plaît, et d’avoir comme seule justification celle de ne pas en avoir. Vous me suivez? Moi non. Je suis de toute façon toujours vaguement dans l’incompréhension depuis que je suis ici. J’ai passé le stade de l’étonnement, on peut dire que c’est une étape franchie. Est-ce que je vis mieux? Non.
En tous cas, faire partie d’un grand carnaval tous les jours, c’est plutôt pas mal comme vie.
Comme Des Fuckdown guys!
Bonus track : un avant-goût de la tendance printemps/été 2017:

« Carnet de Shanghaï »! J’aime ta plume, qui retranscrit à merveille l’incompréhension du style Chinois… Jusqu’à la fermeture du gilet descendue (mais pas trop) pour bien laisser entrevoir ce magnifique tournesol Jaune… A la Robe Printemps/été 2017… Décidément, Yuemin! Il faudra un jour que tu nous expliques… Encore merci à toi Caro! Te lire, se fut un plaisir 💋