« Mais qu’est ce que c’est? » doit être la phrase que nous prononçons le plus, Grand Arbre et moi, depuis que nous sommes arrivés ici, à propos d’à peu près tout ce qui se présente à nous. Concernant la bouffe, la phrase en question s’accompagne le plus souvent d’un air mi-amusé, mi-dégoûté, tout dépend de l’obligation que l’on a de goûter à ladite bouffe, ou pas. La photo ci-dessus (oui j’ai choisi une des pires), représente par exemple le cas de « jamais je ne touche à ça tanpis je préfère avoir faim ». Vitrine d’une échoppe pourtant très courue, il y a en général un attroupement la queue devant. La parisienne que je suis se dit, s’il y a du monde, c’est que c’est tendance bon. Du coup, je me suis rapprochée. La vitrine de verre entre moi et les petites choses mortes m’ayant donné force et courage. Accessoirement elle a aussi fait office de barrage entre les odeurs et moi. J’ai bien sûr pu les imaginer hein, et avec beaucoup de créativité, étant donné la scène veggie qui se déroulait devant moi. Combien de minutes suis-je restée? Victime d’une fascination morbide… Je ne sais plus, le temps s’est arrêté. La frénésie d’essayer de trouver des formes reconnaissables. A part les petites têtes de canard (milieu de l’image, je vous aide), pas grand-chose de réel – et surtout de comestible- ne m’est venu. Toutes mignonettes qu’elles sont, je les ai longuement regardées, en tentant d’oublier le reste. Ce fût un long voyage méditatif. Intégrée, me baladerais-je un jour grignotant l’air de rien un bec de canard en faisant du shopping ?
L’attraction préférée du touriste (oui, nous nous considérons encore quand même vaguement comme tel. Pourquoi ? ben voir la photo ci-dessus), c’est bien connu, c’est la bouffe. Manger, dès que l’occasion se présente, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, sous prétexte qu’il faut goûter. Tout ce qui paraît, non pas appétissant, mais drôle ou exotique. Non je ne pensais pas écrire ça un jour pour qualifier de la nourriture. Ta soupe est fun, j’en reprendrais bien. Bref, quels aventuriers sommes-nous. Mais bon, nous avons des phases plus calmes tout de même. Oui, on se lasse parfois du » Mais qu’est ce que c’est ? », qui se transforme directement en « Non », sans appel, avec l’air blasé qui va avec. Un soir, par manque de vitalité, nous avons succombé à la facilité, et nous avons tenté la brasserie allemande du quartier. Ce n’a finalement pas été de tout repos. En fait chercher de la bouffe occidentale relève aussi de l’aventure, et s’avère tout aussi exotique :

Continuons l’aventure culinaire. On avait été prévenu du caractère bizarre que peut parfois tout le temps bordel revêtir la bouffe chinoise. Au « dîner » du Nouvel An déjà:

On le sentait en flânant dans les rues, l’air préoccupé absorbé.
Devant un restau de notre rue, le poisson-chat en train d’agoniser dans le peu d’eau croupie qu’il lui reste…. A essayer de se retourner tant bien que mal pour survivre se distraire :


On se fait livrer aussi, on avait tenté « ça » (le truc ci-dessous) pour un petit dèj tardif (il y a 3 repas par jour à assumer quand même, c’est un vrai défi) :

Alors, « Mais qu’est ce que c’est ? » Des éponges ? des steaks crus ? du chien ?

Et bien non, ce sont des pancakes saveur « tropicale ». Oui oui. On a juste ouvert la boîte pour voir… et puis on l’a refermée en silence. On est finalement allé se recoucher, en se disant que se serait bien suffisant et surtout assez fatiguant de se nourrir deux fois dans la même journée.
Autant dire, que, quand soudain, au détour d’une rue, un supermarché avec un logo familier surgit comme une vision divine, tu en cracherais presque de bonheur! (toujours cette histoire d’intégration)

Et puis en fait, non. Le dit supermarché s’est adapté à son pays d’accueil.

Le rayon ci-dessus est en quelque sorte la version momifiée de la vitrine de l’échoppe improbable. Cette couleur…
Après la liste non exhaustive des choses dégueus chelous que nous rencontrons en permanence de temps à autre, celle des choses chelous-mais-cool. Je découvre ici une facette inconnue de mon esthétisme culinaire.
Tout ce qui porte l’inscription red bean stuffed, j’adore. Oui c’est bizarre, non je ne l’ai jamais su avant. C’est mon grand kiffe. Sous le regard dégoûté interrogateur de Grand Arbre, j’en teste toutes les variantes :




Grand Arbre lui, ce sont les « boissons » qui n’en sont pas. Mi-liquide, mi-solide.

Je ne serais pas totalement transparente si je ne diffusais pas aussi ce genre d’image:

Note de l’éditeur: Ce blog n’étant pas un guide du fooding, et qu’en prime c’est le mien, de blog, oui je suis mauvaise langue (quoique) et bien sûr que l’on mange bien à Shanghai (j’ai besoin d’amis, je veux que vous soyez rassurés, et que vous veniez).
A fond de kitch et de fun, les chinois sont les rois du marketing…


… et du too much (sinon ce ne serait pas drôle).

C’est le cadeau que j’ai fait à Grand Arbre, qui, maintenant qu’il part au boulot avec son bout de lard en poche, se sent d’attaque pour sa dure journée de labeur.
Bonus track :
