[Copyright de l’image ci-dessus: Karma Weather (pour donner tout de suite le ton de l’article qui suit).]
La Singeocoq
Petit rappel pour celles et ceux qui ne suivent pas l’actualité et le calendrier lunaire – sorte de ménagerie ésotérique – 2016 fût l’année du Singe (je lui met une majuscule pour l’occasion), et 2017 est – va être- celle du Coq. J’hésite entre présent et futur car nous sommes actuellement en pleine période de transition. Et oui. Depuis le 1er janvier le singe commence à tirer la tronche (fini 2016) et le Coq commence à faire bouffer son plumage. 2017 a bel et bien commencé, mais pas dans le calendrier Chinois. Alors? Comment définir clairement cette période? Flottement. Incertitude. Par un dicton? « Il faut tuer le Coq pour effrayer le Singe », Proverbe Chinois (si cela était nécessaire de le préciser). Par un nouveau nom ? La Singeocoq. Made by me. Ça fait un peu staphylocoque-dégueu je vous l’accorde. Mais c’est à considérer plus comme un syndrome qu’une bactérie. Avoir la Singeocoq ce serait vivre avec une certaine frénésie, dans un temps imparti. Le temps de la transition, sans vouloir tergiverser pendant des heures, est celui dont on ne sait pas grand chose, si ce n’est que l’on est entre deux points, celui que l’on a quitté et celui où l’on va. Un temps suspendu. En gros un moment où tout est permis . La Singeocoq serait un exutoire formidable, c’est à dire sans déprime – un 31 sans Noël, ou inversement. Commençons par le commencement.
L’horoscope chinois* a dit -sans se mouiller- pour l’année dernière : « Tout peut arriver et c’est un aspect à la fois positif et négatif de cette année du singe ». Il continuait, sur un ton de chef d’entreprise « Il sera possible d’accomplir certaines choses durant cette année [ouf], mais cela surtout grâce à des efforts personnels et individuels. Des mouvements collectifs, comme les manifestations ou les révolutions politiques n’auront aucune influence cette année ». Voilà, l’horoscope Chinois donne le verdict avant même que l’année ne commence. En bref, l’année du Singe ne fut pas celle des anarchistes et des hippies, mais des petits egos en puissance. A-t-il dit-vrai ? Je vous laisse juger les singeries internationales et locales de l’année par vous-même. En tous cas les valeurs Amour, Entraide et Partage, le Singe n’en n’a que faire « Connerie mes amis! » braille-t-il du haut de sa branche, « ne pensez qu’à vous, hissez-vous en haut de l’arbre par tous les moyens ». Surprenant ? Pas vraiment, venant d’un animal qui, darwinement parlant a tout à voir avec l’Homme.
Mais alors quid du Coq ? On ne peut pas vraiment dire que cette bestiole se rapproche de l’Homme. Enfin quand même, si, un peu. Le coq est souvent représenté gonflé à bloc, poitrail en avant, et ses principales qualités sont la fierté et l’orgueil. Sa mission dans la vie ? Pas sauver le monde mais presque. Le coq est celui qui annonce le jour (renouveau, naissance, tout ça), qui permet la transition entre la nuit (comprendre les ténèbres, le bad ultime) et la lumière (et tout le symbolisme que ça comporte). Bref, est-ce que le jour se lève le monde renaît si le coq ne chante pas ? On ne sait pas. Bref, tout ça pour dire, que le Singe avait stimulé – légitimé – encouragé le côté individualiste de ta personnalité, toutes les actions communes auraient été vaines de toute façon. Avec le coq, il va falloir l’affirmer cet égo. Cocorico quoi. Une belle année en perspective, notamment… pour les Français. Le Coq, proche de l’homme, certes, mais encore plus du Français, emblème oblige. Année du Coq = année de la France en Chine ou de la Chine en France ? Le coq chinois et le coq français sont-ils les mêmes ? Sont-ils des potes ? des concurrents ?
Avant de consulter l’horoscope Chinois – ma bible en ces temps incertains, il faut noter que la mascotte de l’année n’est pas issue de n’importe quelle basse-cour. C’est un coq VIP : Le Coq de Feu. The fire Rooster.

Dire que c’est l’année du Coq de Feu claque un peu plus que dire « qu’on est en 2017 -pu***-ça-passe-trop-vite-j’y-crois-pas (si tu es français). Voilà, la Chine c’est de la poésie au quotidien (on ne comprend pas toujours ses subtilités énormités mais c’est beau drôle ou pénible). La poésie peut parfois recouvrir des formes méconnaissables. Quoiqu’il en soit, en Chine, on n’est pas sans cesse en train de te rappeler à la réalité. Un coq de feu, c’est plus motivant qu’un compteur à 4 chiffres. Bref.
L’horoscope chinois -et commenté par mes soins- dit : « Les Chinois affirment [moi ça me flipper la combinaison de ce sujet avec ce verbe] que les gens seront plus courtois, moins entêtés [2017 monde des bisounours ?] et qu’ils auront tendance à compliquer les choses pendant cette période [à non, c’est bien ce que je disais, 2017 va être l’année de la France en Chine]. »
OU de la Chine en France. Parce que dans le genre compliqué, les chinois et les français sont à égalité. On avait donc tout pour se comprendre (moins par moins = plus) mais en fait non dans ce cas c’est égal à moins moins. Bref, heureusement chinois et français sont aussi à égalité sur la maîtrise de la langue anglaise, comme ça, personne ne se comprend et tout le monde s’énerve. Mais ce n’est pas le propos de cet article.

L’année du Coq, tout immolé soit-il, s’annonce donc mitigée. Une année à tendance normande je dirais. Ensuite tout dépend de quel signe du zodiaque et zoo ésotérique chinois vous relevez. Il faut le faire matcher avec celui de l’année en cours, celui de votre conjoint (inutile de s’embarquer dans une relation sans issue), les chiffres (naissance, dates importantes par exemple, idem, pas la peine de passer un concours ou aller chez le coiffeur un jour où les chiffres ne joueront pas en votre faveur). Bref, vous m’avez comprise, inutile de faire des généralités, à chacun son coq . Make the rooster yours, baby. Pour ma part, HEUREUSEMENT que je ne suis pas Coq, car les chiffres du malheur pour les Coqs sont le 1 et 9. Etant née un premier septembre, autant dire que je l’ai échappé belle.
Conclusion parmi tant d’autres : le passage d’une année lunaire à une autre (d’un animal à un autre) n’est donc pas simple. C’est une entreprise un peu plus complexe que de savoir si oui ou non tu as un plan pour le 31. A ce propos, quand on me dit (en France) que la préparation du réveillon du 31 a été « un vrai cirque » franchement ça me fait doucement rigoler.
Revenue comme beaucoup d’expat en Chine juste après les festivités la soirée beuverie du 31 donc, c’est une période un peu curieuse – complètement désaxée en fait- qui commence. A peine rentré – pas remis, j’insiste- de ta nouvelle année à toi, tu te retrouves à J -15 d’une autre qui commence (bon j’exagère – 25, mais quand même). Contexte : Atterrissage le 2 janvier dans une sorte de gueule de bois éléphantesque (restons dans le répertoire animalier) que tu tiens depuis 48h, le vol de jour n’aidant en rien, avec un décalage horaire de 7h (peanuts, tu ne mettras seulement que 2 ou 3 semaines à t’en remettre), dans un brouillard collant. Tu avais oublié combien c’était dégueu ces pics de pollutions, et combien tu te marrais en entendant les parisiens geindre avec leur taux de pollu à 60. Tu arrives donc tant bien que mal au milieu de gens surexcités : les Chinois, dont les bribes de langage que tu commençais à comprendre ici et là, se sont absolument diluées à jamais dans les coupes de champagne- qui s’apprêtent à fêter la fin de l’année. Voilà. Te voila revenu a Shanghai, petite loque au milieu d’une fête foraine géante (et chinoise).
Non, pas de photo.
Le point positif, parce qu’il y en a un : c’est que tu as le droit à une deuxième chance :
- Si tu as foiré ta soirée du 31, et bien ce n’est pas grave, tu peux recommencer (à la foirer, ou pas)
- Tu peux décider soit de revoir tes grandes résolutions prises en braillant à 1h du mat’ le 1er janvier, qui s’avèrent irréalisables (arrêter de brailler, boire et fumer, comme tous les ans) ou bien décaler le commencement de ces bonnes
et inutilesrésolutions à l’autre année. En plus, tu auras d’ici là le temps d’étudier ton horoscope précisément, ça te permettra de gagner du temps.
L’idée est de profiter de cet entre-deux-nouvelles-années pour faire comme lui (l’entre-deux) : flotter. Ou profiter de ce brouillon pour faire le bilan (pas forcément des 15 jours écoulés depuis le 1er janvier hein, enfin c’est au choix)
En cette Singeocoq, ça me tient particulièrement à cœur. Parce que cela fait exactement un an que je suis arrivée à Shanghai. NB : Si j’avais dis ça fait un singe que je suis arrivée, cela n’aurait pas été pareil. Et on ‘aurait pas rétorqué : « Déja?! -pu***-ça-passe-trop-vite-j’y-crois-pas ». Le 2 janvier (2016 et 2017) j’ai pris ce même vol, à la même heure, depuis le même aéroport, et évidemment, dans le même état. Rien n’a changé, si ce n’est ma lecture de l’Horoscope au préalable, et donc, en sachant à peu près ce qui allait m’arriver. En fait j’ai ranger l’appart et fait des listes. En me disant, comme les chinois, que ça aide, de faire le ménage pour la nouvelle année. Les chinois sont d’ailleurs plus radicaux si j’en crois le boucan des marteaux piqueurs depuis quelques semaines dans l’immeuble. Oui le Spring festival – littéralement fête du Printemps ou célébration du Nouvel An- n’est pas seulement Qi Qong et bruissement d’ailes de libellules.
Bref, Zaijian le singe, Nihao le Coq, c’est l’heure du bilan. Alors ? Qu’est ce qui a changé ? Pour commencer, comme vous pouvez le remarquer je suis bilingue. C’est la première chose. Ensuite, je suis toujours imbue de ma personne (comme l’avait conseillé le Singe). Plus sérieusement : je me plains toujours un peu beaucoup, je ne suis jamais contente, je veux toujours faire mille choses en même temps (relatif aux deux premiers constats), et j’applique la théorie de l’incohérence régulièrement, pour brouiller les pistes. Les deux trucs improbables de l’année : l’amour du Chinois (le langage hein) et le succès de ce blog. Et ce dernier point a été ma décision de l’année (enfin de la Singeocoq mais j’espère que le Coq sera clément) : arrêter de bosser (enfin une résolution viable sur le long terme !) et ne me consacrer qu’à ça. Ecrire. Finalement, vous êtes tout autant responsable que le singe, le coq et toute la ménagerie, de ce qui va se passer. Mais quoi qu’il arrive, merci, d’avance, parce que c’est une libération. Et si ça ne marche pas, et bien tanpis, je continuerai quand même, juste pour le plaisir de me plaindre.
Depuis une ambiance de fête (on remarque que les gens se parent de leurs plus beaux atours)

… de boîtes rouges que les chinois s’offrent entre eux

… des rues décorées (c’est aussi clinquant qu’en France, mais dans un autre registre)…

… Je vous souhaite d’achever dignement et follement votre Singeocoq !
Dernière remarque: je m’interroge au sujet des girouettes. En général ce sont des coqs qui indiquent l’Ouest et l’Est. Jamais le Nord (ni le sud). Serait-ce un concept chinois ? Celui de te donner un ou deux indices pour trouver ta propre direction mais pas plus ? Te faire philosopher sur le Nord et l’importance ou non qu’il y a à trouver le sien … Te faire galérer.
Dire que j’avais ça sous le nez depuis mon enfance… LE signe.

Bref mes amis… Xinnian Kuaile !
*source : www.horoscopechinois.guru – oui, « point guru » cette mystérieuse contrée