Oui, ça pourrait être pire. Ils ne sont pas SI nombreux que ça aux guichets. Sauf que, les Chinois ne font pas la queue comme nous. En fait ils ne font pas la queue du tout. Ça ressemble plutôt à des agglutinements, dans lesquels chacun essaie de passer avant l’autre. Le cauchemar du parisien : on tente de te prendre ta place dans la « queue. » Tension. Grand Arbre et moi-même nous sommes subitement transformés en suricates carnivores (pléonasme? Mon VPN a sauté, je ne peux pas dans l’immédiat vérifier sur Wikipédia).
Il est donc impossible d’être seul (dans le sens ‘intime’) au guichet, pour expliquer tant bien que mal à la dame du guichet en question que tu veux un billet de train, pour une ville dont le nom est imprononçable… Non, tu as un Chinois à ta droite poussotant l’air de rien son bras pour bouger le tien, et qui veut lui aussi parler en même temps que toi à la même dame. A gauche aussi. Derrière, je ne sais pas, j’ai préféré ne pas me retourner. Mais comme on est parisien, et bien on a gueulé les plus forts, et gagné au combat de coudes. Bref, la journée détente à la campagne commence en mode zen attitude.
Oui, les vacances nature = une journée hors de Shanghai. Après l’achat du billet de train, on s’est dit que la réservation de l’hôtel – que l’on ne peut actuellement pas faire via internet faute d’avoir une carte de crédit appropriée – on garderait ça pour une prochaine fois. Une autre expérience. Et aussi, pendant cette semaine, il a fait beau et chaud une seule journée. Oui, ici on peut passer de 5 degrés à 22 en l’espace d’une nuit. J’y reviendrai dans une future analyse météorologique de mon environnement. Quoi qu’il en soit, en cette belle (et seule, et donc frustrante) journée de printemps, nous voilà partis pour Taihu Lake. A regarder sur Google Map (oui toi tu peux le faire), ce n’est pas si loin. A peine 40 minutes de train (évidemment, auxquelles s’ajoutent les 15 minutes pour se rendre de l’appart au métro, les 45 minutes de métro, les biiiip minutes pour acheter les tickets de train, puis les 30 minutes d’attente pour le train. Cela fait beaucoup de minutes.).
C’est quand même l’expédition, ça sent donc vraiment les vacances.
Arrivés à Wuxi (l’escale avant Taihu Lake) vers 12h (oui heureusement que l’on s’est levé « tôt » pour profiter pleinement de l’escapade nature…). L’endroit est absolument… industriel. Nous pensions y faire une halte, et bien non, on a préféré se rendre « au plus vite » à Taihu Lake. A la sortie de la gare, accueillis par deux dames âgées criant à tue-tête et brandissant des publicités -avec des dragons et une sorte de lac aux couleurs passées dessinés dessus- on ne s’est pas laissé le choix. La « conversation » pour comprendre de quoi il s’agissait négocier ayant débutée par l’avertissement « No English », on s’est contenté d’acquiescer puis de payer. Deal. Tout le monde a souri et s’est félicité dans sa langue respective. Après avoir déambulé 1 ou 2km avec l’une desdites dames (probablement la stagiaire) dans la gare labyrinthique, nous avons finalement débouché sur un parking avec mini-bus et Chinois parés pour l’aventure. A peine le temps d’acheter un sneakers au bouiboui du parking (on avait alors fait une croix sur notre Déjeuner sur l’herbe) et nous voici en route pour le lac (ou presque). Le mini-bus s’est au fur et à mesure de la route rempli de ci de là, de Chinois rieurs, de guide-no-English, pour 30 minutes plus tard (tictac, tictac) s’arrêter sur l’immense, gigantesque, incommensurable, infini… parking de Taihu Lake -rempli lui, certes de voitures, mais aussi de beaucoup, beaucoup, beaucoup de Chinois rieurs ET parés pour l’aventure. C’est ainsi que l’ on s’est souvenu que c’était effectivement les vacances pour Grand Arbre, mais aussi pour 1 milliard de Chinois. Ils n’étaient pas TOUS à Taihu Lake, mais un bon nombre tout de même.
Autant les Chinois ne font pas la queue « comme nous », autant ils ne font pas de tourisme « comme nous ». Ça aussi, nous nous en sommes souvenu sur le parking bondé, d’où émergeait une multitude de petits drapeaux de couleurs, signes de ralliement d’une multitude de groupes (soit dit en passant, je me suis demandée s’ils n’étaient pas cousus de fils d’or ces drapeaux, tant apparemment il fallait être ABSOLUMENT le plus près possible. Merde un drapeau fluo, tu n’as pas besoin d’être à 5cm pour ne pas le perdre de vue. Bref .). Lorsque l’air de rien nous nous somme rendus compte que NOUS AUSSI on faisait partie d’un GROUPE, on est parti droit devant, et Inch’Allah pour le retour. Notre belle balade verte autour d’un lac bleu n’allait certainement pas devenir une grande course à la recherche du drapeau perdu.
Passée l’entrée dysneylandiesque du site, on s’est un moment cru seul (vite fait) et dans « Tigre et Dragon » (vite fait) (oui j’aiguise mes références parce que je m’intègre) :

![00011-2009-07-2702-38-48[1]](https://carnetsdeshanghai.files.wordpress.com/2016/02/00011-2009-07-2702-38-481.jpg?w=730)
Oui, ça laisse songeur. Les bambous y sont sûrement pour quelque chose.
Il faut le dire, entre quelques parkings (le Chinois, si aventurier soit-il, peut-il se passer de sa voiture? Non. Non, non. Jamais.), tout de même, de la nature, des chemins piétons, une mare aux canards il y avait…

… et enfin, le putain de fameux LAC.

Après notre longue et laborieuse randonnée semée de Chinois de voitures d’embûches autour du Lac, et avec pour seules substances dans l’estomac un sneakers et de l’eau chaude, on a décidé de s’offrir THE restaurant du Lac (ça y est j’ai carrément mis une majuscule à ce mot, pensant ne jamais l’atteindre. Maintenant, il est à mes yeux, sacré). Restaurant chinois, of course. Mais bon, endroit touristique par excellence, on s’est dit qu’il y avait de grandes chances pour qu’il y ait des serveurs quelqu’un quelque chose une carte English-friendly.
Et non. Bafouillages habituels chinois, français, mix, rires, et nous voici à table.

Alors, nous avons pointé trois quatre trucs du doigt et nos yeux se sont perdus dans le vague en attendant la commande. Et pour une fois dans ce genre de circonstance, le destin nous a souri.
Heureusement d’ailleurs, que l’on a pu reprendre force et vigueur. Parce qu’il y avait le retour. Le retour du Lac jusqu’au parking, puis du parking jusqu’à la gare de Wuxi, puis de Wuxi à la gare de Shanghai, puis de la gare au métro, et ainsi de suite jusqu’à notre bière en terrasse (la notre de terrasse, parce que les autres cools-terrasses étaient alors fermées pour le Nouvel An (voir post précédent) : « fermées-fermées genre 1er mai » pour m’auto-citer). L’ultime récompense. Voici un aperçu de la première étape jusqu’à la bière (qui s’est alors de suite transformée en PLEIN de bières) :

Revenus sur ce parking, on s’est aussi dit que ça aurait peut-être été judicieux d’acheter le billet de train retour en même temps que celui de l’aller.
Rires hystériques Soupirs, verres de bières dansant dans ta tête mais qui s’éloignent… Grand Arbre ne s’est pas laissé abattre (l’esprit de Li Mu Bai lui avait-il parlé?). Il a fait son parisien, et il a choppé un taxi. Et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, et bien on était attablé à une cool-terrasse de Shanghai (oui, un miracle) à Shanghai, bière fraîche en main.