Hong Kong, abscisse et ordonnée.

L’atterrissage (à moins que ce ne soit un amerrissage) cotonneux, entre ciel et mer, sur une piste somnolente. A moins que ce ne soit moi qui ne soit pas bien éveillée. Les bateaux se perdent sur une ligne d’horizon qui ne se distingue pas, qui ne fait pas son travail de séparation. Une perspective illimitée. Des bateaux dans le ciel, un avion dans la mer. Volupté et romantisme. Géolocalisation raisonnable absolument impossible. Et c’est tant mieux. Enveloppée de turquoise j’imagine la ville derrière l’améroport, essaie d’en deviner les formes. Je sais qu’il y a des tours. Je sais qu’il y a des pentes. Et la mer. Pas plus, je n’ai rien regarder à part des plans en deux dimensions. J’ai laissé Descartes, et suivi mon intuition.

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La sensation d’envolée, de liberté que de marcher dans une ville inconnue. Décrypter ses impressions ou s’en désintéresser. C’est ça que je voulais. Je trouve ça romantique.

Hong Kong.

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Qui se dresse fièrement entre mer et montagne et surplombe sa baie à 90 degrés. Buildings acérés, passerelles coupantes. On se heurte à Hong Kong plus qu’on y entre.

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Il a fallu trois jours pour débloquer le corps et délier l’esprit. Enfin relier entre elle toutes les petites pensées, rêveries, émotions pour les recentrer en un tout concentrer pour qui puisse se faufiler dans la ville sans s’effriter.

Comprendre la transversalité de la ville pour la pénétrer. Ne pas rester figée devant la verticalité violente et désarmante.

Il a fallu que je contre ma nature qui me rappelle viscéralement à la terre. Marcher sur le sol s’est ici avéré quasi impossible. Il fait évoluer du bas vers le haut, dans une sorte d’envergure en diagonale pour accéder à une horizontalité bancale. Envolée parmi les tours, perdu dans les hauteurs, éblouie par les pans de verre.

A dos d’escalator – monstrueux serpent- qui s’est infiltré dans le cœur de la ville. Sa racine.

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Un mille-feuille traversé par un vers grouillant de milliers de corps.

On se laisse glisser, on se tord le cou. Du haut vers le bas, du bas vers le haut, on s’entortille la colonne  à chercher le ciel et la terre, ou leurs signes.

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Géolocalisation.

Et puis c’est impossible, alors se laisse glisser, aveugle consentant et c’est bien pratique.

Une facilité déconcertante à jeter plans et buts précis, à jeter corps et âme en pâture à ce serpent d’acier, dans une grande glissade. Tapis roulant errant.

Pantin aux bras et jambes délassés, les idées s’échappent. On pourrait vraiment fermer les yeux. On se sent moins alerte. L’espace d’une seconde on se prend à réfléchir à cette situation de liberté incongrue : on peut divaguer à loisir sans se faire interrompre, mais sous l’emprise d’un système que l’on ne maîtrise pas.

Circuler entre abscisses et ordonnées.

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Auteur : Caroline Boudehen

Journalist, writer & reporter (Asia)

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